Chardon à bonnetier

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chardon sauvage – Dipsacus fullonum

Chardon à bonnetier

(par M l’abbé Tessier, docteur-régent de la faculté de médecine, de l’Académie royale des sciences, de la Société royale de médecine)

«  Les Arts ont mis à contribution la plupart des familles des plantes. Celle des Dipsacées fournit à la Bonneterie & à la Draperie un instrument simple, que la nature seule prépare, & que jusqu’ici rien n’a pu suppléer. C’est la tête d’un Chardon, connu des Botanistes sous le nom de Dipsacus sativus, Tourn. Dipsacus fullonum, première espèce du Dictionnaire de botanique, appelée, en françois, Chardon à Bonnetier, Chardon à Foulon, Chardon à Lainer, Chardon à Carder, Chardon Lanier, Chardon à Drapier, parce qu’en effet il sert à tirer la laine du fond des étoffes à la superficie, & à les rendre plus moëlleuses & plus chaudes. Enfin, la hauteur & la forme de la plante, l’ont encore fait appeler Verge à pasteur.

On trouve dans les prés, dans les bois, & dans les environs des habitations, le Chardon à Bonnetier sauvage, qui se sème de lui-même. Linné le regarde comme une variété du cultivé, mais Miller n’adopte pas l’opinion de Linné. Il y est d’autant moins disposé, qu’ayant cultivé ces deux chardons, pendant 40 ans, ils lui ont constamment paru différer l’un de l’autre. Cette expérience est assez probatoire, sans doute, pour faire prononcer que le Chardon à Bonnetier, sauvage, & le cultivé sont deux espèces très distinctes. Les pointes des écailles, qui forment les têtes, sont roides & crochues dans le dernier, tandis qu’elles sont molles & droites dans le premier.

Le Chardon à Bonnetier se cultive dans diverses parties de la France, en Flandres, en Artois, en Picardie, aux environs de Sedan, en Languedoc, à Fleury, près Orléans, dans la Beauce, & en général dans les pays voisins des manufactures de lainerie. J’en ai vu à Oisonville, à Pussay, & autres villages de la Beauce, à quelques lieues d’Etampes, de petites cultures, faites par des Fabricans de bas & de bonnets de laine. Il y a 40 ans qu’ils en cultivent dans ce pays pour leur usage [L’encyclopédie est imprimée en 1793]. Mais j’en ai vu des champs étendus, près des villages situés à quelques lieues d’Elbeuf & de Louviers, si connus par la beauté de leurs draps ; par exemple à Sotteville, sous-val, & dans les paroisses de Lery, & d’Alisery, entre le Pont-de-l’Arche & le Port Saint-Ouen. Ces villages fournissent les meilleurs Chardons de l’Europe. On en exporte partout le Royaume, & même en Hollande.

Les cultivateurs de Chardons à Foulon, de Normandie, en distingue de deux espèces, qui ne diffèrent que par la hauteur des tiges. Je ne sais si cette différence est constante, ou si elle n’est que l’effet de quelques circonstances qu’il ne m’a pas été possible encore d’étudier.

On n’est pas d’accord sur l’espèce de terrain qui convient au Chardon à Bonnetier. Les uns disent qu’il réussit particulièrement dans de l’argille, ou dans de la craie, mêlée de quelques cailloux, & qu’il n’a besoin que de peu d’amendemens. D’autres croient qu’il ne faut pas semer le Chardon à Foulon dans de l’argille, ou dans de la craie. Pour accorder deux opinions aussi contraires, il faudroit savoir ce que les uns & les autres entendent par argille & par craie. En attendant je dirai ce que j’ai observé. En Normandie, les terrains où j’ai vu une plus grande quantité de Chardons à Foulon, d’une belle venue, étoient formés d’un sable doux, assez substantiel. Dans la Beauce, on les plante dans une terre blanchâtre, ou graveleuse, qui a du fond, & qui est propre à toutes sortes de grains. On ne la fume pas trop, afin de ne pas attirer les vers blancs qui couperoient les pieds. Le fumier doit y être enterré long-tems d’avance. Les racines du Chardon sont pivotantes & traçantes, & ses feuilles sont larges & longues de huit à douze pouces. Sa tige s’élève jusqu’à six pieds ; elle a un pouce de diamètre ; elle est droite, ferme & rameuse, ce qui paroîtroit exiger un bon terrain. Mais, comme c’est moins la vigueur de la plante qu’on recherche que la qualité du Chardon, on l’obtiendra bien plus dans une terre douce, médiocre & profonde, que dans une terre forte & trop substancielle.

Tête du chardon une fois les fleurs tombées

Si l’on suivoit la marche de la nature, on semeroit le Chardon à Foulon à l’époque où sa graine tombe : ce seroit au mois d’Août dans le climat de Paris ; un peu plutôt, dans les pays méridionaux, un peu plus tard dans les pays septentrionaux. Mais ce n’est pas la première fois que les hommes, qui se sont, pour ainsi dire, asservi les plantes, comme ils s’asservissent des animaux, ont interverti l’ordre de la nature. Miller qui a écrit pour l’Angleterre, conseille de semer la graine de Chardon à Foulon dans le mois de mars. En Normandie, on la sème en Mars, ou en Avril. Vraisemblablement on y est déterminé, parce que le plant de la graine semée en Septembre, n’acquerreroit pas assez de force avant l’Hiver qui prend de bonne heure, & parce que l’Eté étant tardif, ce qui lève au Printemps a le tems de se mettre en état de résister à la chaleur, d’ailleurs modérée, en Angleterre. Quand on a choisi cette saison, il faut consentir à sarcler souvent le plant, qui ne pousse que foiblement d’abord, & qui seroit bien-tôt détruit par les mauvaises herbes ; au lieu que, quand on sème en Septembre, on évite des sarclages, les mauvaises herbes étant alors moins abondantes. Le plant, dans ce cas, prend de la force avant l’Hiver ; au Printems, il végète avec vigueur, & étouffe les herbes qui pousseroient entre les pieds des Chardons. On ne peut le semer qu’en Automne dans les pays chauds ; car, si on semoit au Printems, le plant seroit grillé en Eté, avant qu’il fût assez fort. Ces considérations me font penser qu’il est bon de semer la graine de Chardon à Foulon au Printems, dans le nord de la France, & en Automne dans le midi.

Dans la Beauce on emploie toujours la graine qu’on récolte. Il ne paroît pas qu’on en change, comme on change de beaucoup d’autres graines. Si on sème en Juin, on se sert de la graine de l’année précédente ; si on sème en Automne, on emploie la nouvelle. Je n’ai pu savoir combien il falloit de graine pour la plantation d’un arpent ; comme il en périt beaucoup, ou plutôt comme la plus grande partie ne lève pas, on ne risque rien de semer plus que moins.

Il y a trois manières de semer la graine de Chardon à Foulon ; la première, qui me paroît la plus pratiquée en grand, consiste à la semer à la volée dans un champ bien préparé, & à la herser. A chacun des sarclages on enlève une certaine quantité de pieds, pour n’en laisser que ce qu’il en faut. On conserve toujours les plus beaux. Miller conseille de semer un peck, ou picotin de graine par acre, (voyez pour l’étendue de l’acre, article Angleterre, au mot Arpent). On espace les pieds à six pouces les uns des autres ; au premier sarclage, & à un pied au second. C’est la juste distance pour que les têtes soient grosses & bien nourries. Les sarclages peuvent se faire avec de longs instrumens ; mais on ôte plus facilement toutes les mauvaises herbes, si on n’en emploie que de petits, qui exigent que les Ouvriers soient à genoux. Cette manière est sur-tout celle qui convient au premier sarclage, car on le pratique à l’époque où les pieds de Chardons sont difficiles à apercevoir.

D’autres sèment la graine de Chardon, comme on sème ordinairement celle de maïs, en faisant des trous d’un pouce de profondeur, dans lesquels ils jettent trois ou quatre graines, qu’ils recouvrent de terre, laissant entre chaque trou un pied, ou un pied & demi. Lorsque les plants ont trois ou quatre pouces de hauteur, ils en ôtent avec précaution deux à chaque trou, ayant soin que ce soit les plus foibles. Les intervalles sont aussi sarclés autant de fois qu’il en est besoin.

La troisième manière est un peu plus compliquée, mais elle me paroît la meilleure dans les cultures en petit. On sème d’abord à la volée la graine de Chardon à Foulon en pépinière, on en retire du plant, quand il a trois ou quatre pouces, pour la repiquer en place, à la distance d’un pied, ou dix-huit pouces, dans un terrain labouré auparavant à la bèche. Dans ce cas, il convient de semer en pépinière, à la fin d’Août, ou en Septembre. Le plant se fortifie avant l’Hiver ; au Printems, il est très en état d’être repiqué. Le semis étant fait, on ne touche pas à la pépinière, jusqu’à ce qu’on en tire le plant ; la pépinière s’établit dans un jardin, ou dans un champ. Elle occupe peu de place, parce que la graine s’y sème très-drû.

Pour la transplantation il faut choisir un tems disposé à la pluie, ou avoir la facilité d’arroser, jusqu’à ce que le plant soit repris. Le terrain étant bien cultivé & nettoyé d’herbes, on est assuré que les Chardons deviendront beaux.

Communément on sème le Chardon seul. Mais quelquefois on le sème avec le seigle, ou le froment, au mois de Septembre ; dans ce cas, on commence par semer le seigle, ou le froment à l’ordinaire, puis la graine de Chardon à la pincée, & on herse le tout à-la-fois : le Chardon semé de cette manière reste presque deux ans en terre. Il y seroit moins de tems si on le semoit avec le seigle, ou le froment de Mars, & même avec l’orge ou l’avoine, ce qui me paroîtroit également avantageux. Ses têtes ne sont mûres qu’au mois de Juillet ou d’Août de la seconde année. Il pousse peu, jusqu’à ce que le seigle & le froment soient récoltés. On ne peut le façonner qu’après cette époque.

On sème encore avec le Chardon de la gaude, du carvi, des navets, des panais, des carottes, &c. Quoique ces plantes l’incommodent peu, parce qu’il est plus fort, & qu’elles restent moins de tems en terre, je conseille de le semer seul. Ces cultures mixtes de plantes, qui exigent des soins particuliers, me paroissent d’une mauvaise économie. Elles se nuisent réciproquement. On ne peut les comparer au mélange du trèfle & du sainfoin, ou de la luzerne parmi les graines céréales, parce que ces plantes parviennent successivement à leur accroissement, sans que le Cultivateur y fasse autre chose que de les semer & de les récolter.

Le Chardon à Foulon, pendant sa végétation, n’exige d’autres soins que des binages & des sarclages. Si on plante au Printems, on donne un binage en Mai, & un en Juin, un en Automne, & un après l’Hiver suivant. Si on n’en a donné que deux la première année, on en donne deux à la seconde. En huit jours, un homme peut biner un arpent. Une des plantes qui lui nuit le plus est une espèce d’orobanche, que les Cultivateurs Normands appellent gras. Cette plante parasyte vit sur la racine du Chardon. Elle est plus abondante dans les terres grasses & bien fumées qu’ailleurs. C’est peut être ce qui lui a fait donner le nom de gras.

La seconde année le Chardon monte & pousse des tiges, qui se garnissent de têtes. Ce sont les parties de la fructification, composées de calices réunis en un amas cylindrique, & de fleurs que les abeilles recherchent. Lorsque les fleurs sont tombées, la réunion des calices qui subsiste, s’appelle pigne, pomme ou bosse. C’est l’objet pour lequel on cultive la plante. Le tems de la récolte de ces pommes dépend de celui où l’on a semé le Chardon. On récolte, au mois de Mai, ou de Juin de la troisième année, le produit de la graine semée avec le seigle, ou le froment en Octobre, si on a semé le Chardon seul au Printems, on le récolte en Mai, ou en Juin de la deuxième année. Quelquefois une partie des pommes ne mûrit qu’à l’Automne suivant ; lorsque le Chardon a été semé en Juillet, ou Août, il en monte, au Printems de l’année d’après, une partie qu’on récolte en Juillet ou en Août, & l’autre partie au Printems de la troisième année. Si ces plantes tardives étoient en petit nombre, on ne les attendroit pas pour ne pas perdre l’occasion de faire rapporter d’autres plantes à la terre. Pour peu qu’il y en ait une certaine quantité, il y a de l’avantage à les attendre. Afin que la gelée ne les endommage pas, on les couvre de long fumier. Un Ecrivain, qui paroît être des provinces méridionales, prétend que le Chardon à Foulon résiste à l’Hiver le plus rigoureux. Il n’en est pas de même dans les pays septentrionaux, sur-tout si le terrain est humide, ou compacte, comme dans la Beauce. Dans l’Orléannois, où la terre est plus légère, le Chardon à Foulon y gèle rarement. Dans les pays où il peut geler, il est prudent de le couvrir en Hiver. Indépendamment de la gelée & des effets de la grêle, qu’il partage avec toutes les autres plantes, il est souvent incommodé des grands vents, qui le couchent & le déracinent. Il faudroit, pour ainsi dire, qu’il fût protégé par des palissades, ou abrité de l’ouest par des bois. Au reste, cette culture est dans le cas de beaucoup d’autres, son sort dépend en grande partie des saisons.

On reconnoît que le Chardon est mûr, lorsque les têtes sont totalement défleuries ; & qu’elles commencent à blanchir & à se dessécher. Mais elles ne mûrissent pas toutes à la fois. Il faut tous les deux jours parcourir la Chardonnière, quelquefois pendant trois mois. Quand on fait la récolte, on n’arrache pas les plantes entières, mais on coupe les têtes, à mesure qu’elles mûrissent, en leur laissant une queue d’environ un pied, sans blesser celles qui ne sont pas bonnes à cueillir. On en forme des paquets, ou poignées de 50, qu’on lie avec de la pelure d’osier, puis on les attache sous un hangard, ou sous les toits des couvertures, lorsque l’égoût des couvertures, comme en Normandie, est très avancé & à quatre ou cinq pieds des murs, en sorte que ce qu’on y expose ne reçoit ni la pluie, ni l’ardeur du soleil.

Le Chardon craint l’humidité, même lorsqu’il est sur pied. Tout son mérite consiste dans la roideur des crochets des pommes. Or cette roideur se perd, s’il pleut au tems de sa floraison & de sa maturité, par l’espèce de rouissage qu’éprouvent les calices. Toute la pomme même pourrit, lorsque le Chardon n’est pas mis à sécher dans un endroit à l’abri de l’humidité. Il ne faut pas l’exposer non plus à un soleil trop ardent, dans les pays méridionaux, pour ne pas le trop dessécher. Le soleil ardent le rougit & lui ôte son ressort. L’usage apprend la véritable manière de le rendre propre aux travaux des fabriques de laine. Pour le conserver, quand il est sec, on le place dans un grenier, ou dans des chambres aérées.

En général, les têtes, ou pommes de Chardon, qui sont allongées, cylindriques & armées de crochets roides & fins, sont les plus estimées. Elles ont plus ou moins ces qualités, selon le terrain où on les a récoltées. Il ne faut pas qu’elles soient trop croches, ni trop droites, pour être bonnes. Les personnes qui les emploient connoissent le juste milieu qui convient. La longueur des pommes du centre, les plus longues de toutes, est de deux à trois pouces. Il y a des années où les pointes sont plus crochues que dans d’autres. On remarque que les meilleures sont celles qui sont venues dans un sol en pente, c’est-à-dire, dans un sol léger, ou pierreux. On peut d’avance annoncer que des pommes seront bonnes, si en rompant la tige, ou les pommes même, on trouve l’intérieur plein.

Je n’ai pas besoin de dire que la distinction des pommes de Chardon, en mâles & femelles, est chimérique, & n’a été imaginée par les Fabricans, que pour exprimer, sous le nom de mâles, les plus recherchées, c’est-à-dire, celles qui ont les pointes fermes & courtes, & sous le nom de femelles, celles dont les pointes sont molles, moins crochues & plus allongées.

Pour ramasser la graine de Chardon, il suffit d’en secouer légèrement les têtes lorsqu’elles sont sèches. La bonne graine se détache facilement des calices. On la trouve même ordinairement dans les greniers, sous les paquets de têtes. On assure qu’elle conserve long-tems sa vertu germinative ; cependant on ne sème pas de la graine qui ait plus de deux ans. L’expérience apprend sans doute qu’en se procurant ainsi de la graine, on en recueille d’assez mûre pour être employée. S’il en étoit autrement, je conseillerois à ceux qui cultivent en grand le Chardon à Foulon, de laisser plus long-tems sur pied un certain nombre de tiges, proportionné au besoin qu’on a de la graine. Tous les jours on iroit à la Chardonnière secouer les têtes sur un paillasson, ou dans des corbeilles. Les pommes, qui fourniroient cette graine, perdroient de leur prix ; mais on en seroit dédommagé par la bonté de la graine.

Les tiges desséchées du Chardon sont bonnes à brûler. Il vaut mieux les employer à chauffer le four, qu’à tout autre usage ; car elles ont l’inconvénient de crépiter dans le feu, & de jeter les charbons jusqu’au milieu des appartemens.

Une tige de Chardon produit quelquefois huit ou neuf pommes. Celle du milieu est plus élevée que les autres ; quand le pied est très fort on la décolle, celles des autres en deviennent plus belles.

Le Chardon qu’on n’emploie qu’un an après qu’il est récolté, est d’un meilleur service. Les grosses & meilleures têtes sont réservées pour les Bonnetiers, les moyennes & les plus petites pour la Draperie.

Les Chardons se vendent, en Normandie, année commune, de 24 à 25 livres la balle, mesure de convention, composée de 200 poignées de 50 têtes chacune ; ce qui fait 10000 têtes pour ce prix ; en supposant qu’ils soient de bonne qualité, car des meilleurs aux moins bons, la différence du prix est quelquefois d’un quart.

Le transport des Chardons à Foulon se fait dans de grandes mannes quarrées, longues, formées d’un chassis grossier d’osier. On y mêle indistinctement les grosses & les petites têtes.

J’ai déjà observé que les abeilles recherchoient beaucoup les fleurs du Chardon à Foulon. Elles y trouvent, dans un petit espace une abondante récolte ; car une seule pomme contient plus de six cent fleurs, dans lesquelles il y a beaucoup de miel. C’est un motif pour engager à multiplier les ruches, dans les pays où on cultive le Chardon à Foulon. On a remarqué que ces insectes alloient boire de l’eau qui s’amasse & se conserve dans les articulations des feuilles fermes & creuses du Chardon ; c’est pour elles une grande ressource en Eté ; elles ne sont point exposées à s’y noyer, comme dans les ruisseaux, les marres, ou les rivières, & même dans les vases remplis d’eau, qu’on place auprès des ruches. Cette observation doit donner l’idée de planter exprès tous les ans quelques Chardons à Foulon, dans les environs des ruches, par-tout où on élève des abeilles.

Dans la Beauce, on plante des Chardons dans un terrain, qui est à son année de jachères, & on les récolte à l’époque où on récolteroit du froment. On l’ensemence au Printems suivant, en orge, ou en avoine, qui y viennent d’autant mieux que, pour la culture du Chardon, il a été labouré à la bèche & bien façonné. On pourroit même, en le fumant bien, y semer aussi-tôt du froment. MM. Maugas-Fouret & Chaudé Lainé [Chaudé l’aîné], qui tiennent de grosses fabriques de bas, l’un à Oisonville, & l’autre à Pussay, ayant répondu à des questions que je leur ai faites, m’ont mis à portée de connoître ce qui concerne le Chardon à Foulon dans la Beauce  ».

Source : Encyclopédie méthodique – Agriculture, par M l’abbé Tessier, docteur-régent de la faculté de médecine, de l’Académie royale des sciences, de la Société royale de médecine – BNF Gallica.

Les parties soulignées l’ont été par nous, pour mettre en évidence ce qui concerne Pussay, la Beauce et les ruches nombreuses par ici et pour cause.

Alexandre Henri Tessier est né à Angerville le 16 octobre 1741 et décédé à Paris le 11 décembre 1837. Son père est notaire, mais il a une famille nombreuse et une fortune médiocre. Il obtient une bourse de l’Archevêque de Paris pour le collège de Montaigu où il fait des études brillantes. Il prend donc le titre d’abbé, sans jamais entrer dans les ordres. Il s’attache aux sciences naturelles et surtout à la médecine et soutient plusieurs thèses à la Faculté. Il est reçu docteur-régent en 1776. La société royale de médecine tout juste créée, l’envoie en Sologne pour y étudier la maladie de l’ergot de seigle. Ces études l’amènent à publier en 1783 un traité sur les maladies des grains, résultat de six années d’observation dans les plaines de Beauce ; puis un traité sur les maladies des animaux. Lorsque Louis XVI acquiert le domaine de Rambouillet, il agrée Tessier pour mener des expériences sur les moutons, afin d’améliorer la qualité de la laine, lequel fait venir des moutons mérinos d’Espagne. Ce travail le conduit à rédiger un ouvrage en forme d’instruction sur les bêtes à laine et particulièrement les mérinos. (biographie extraite des Mémoires de l’Académie royale de médecine – Eloge de M. H-A Tessier lu dans la séance publique annuelle du 17 décembre 1840 par M. Pariset – Google)

Nous aurons donc l’occasion de retrouver M. l’abbé Tessier et ses nombreux écrits qui retracent la vie beauceronne de l’époque.

Commentaire :

de CONINCK le 07/08/2011

Bonjour ( des Basses Alpes ou Alpes de Haute Provence ou 04)
Les chardons cardères
– chardons à foulon;
– chardon à « bonneter »

existaient encore en Provence au XIX em .
Cités dans l’ouvrage de Jean-Luc MASSOT ( architecte) : Maisons Rurales et Vie Paysanne en Provence

Existe t-il des schémas ou dessins des machines à carder en Beauce ?

Cordialement

Lionel de CONINCK

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